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Les plaquettes Herbinière-Lebert (1923) : origines, concurrents et enjeux actuels.
Par à tâtons dans * Recherches sur les matériels de décomposition des nombres le 24 Avril 2021 à 00:40Voici le bilan de mes longues recherches sur les formes et usages d'un matériel français largement oublié, qui revit aujourd'hui avec notamment le britannique Numicon : les « Plaquettes pour l'initiation sensorielle au calcul » créées en 1923 par l’institutrice Suzanne Herbinière-Lebert (1893-1985).
J'ai retrouvé leurs origines et leurs cousines proches en Allemagne depuis 1867, leurs transformations, et leurs enjeux pour servir la construction du nombre comme "relation entre les quantités" revalorisée par le regretté Rémi Brissiaud qui s'inscrivait dans une grande tradition française, celle de Buisson, Châtelet et Mialaret, éclipsée par les "mathématiques modernes" dans les années 1960 puis par le "comptage-numérotage" à partir de 1986 jusqu'à ce que les programmes de la maternelle et de l'élémentaire la retrouvent à partir de 2015.
Ce large inventaire historique se frotte aussi à des matériels aux objectifs proches : les "constellations" du dé, les "images-nombres" de Lay (qui eurent une importance considérable au début du XXe siècle) et les "grilles de 10" qui dominent dans de nombreux pays.
Je propose aussi des situations d'apprentissage éprouvées dans ma classe de maternelle.
L'originalité profonde et l'intérêt des plaquettes Herbinière-Lebert sont les suivants :
- Ce sont d’abord les seules collections-témoins organisées (avec dans une moindre mesure celle de Lay appuyées sur le repère 4) qui permettent de représenter toutes les décompositions des 10 premiers nombres sans « jamais remanier le précédent groupement pour obtenir le nouveau », (Abbadie). Chaque représentation d’une quantité est ainsi clairement et régulièrement formée à partir des précédentes, véritablement mise en relation grâce à des situations d’apprentissage adéquates, ce qui permet aux élèves de construire des représentations des nombres plutôt que de seulement mémoriser des organisations de points dans l’espace.
- Pour cette raison ce sont aussi les seules collections-témoins organisées de manière non-linéaire qui peuvent représenter chaque quantité comme un tout manipulable (les plaquettes) : ces collections peuvent être jointes (et disjointes en passant par un échange) pour composer ou décomposer une quantité, sans besoin de déplacer chaque unité et de compter 1 à 1 au risque du numérotage.
Télécharger ici le texte complet : presque 200 pages abondamment illustrées et récemment mises à jour.
Pour citer ce texte :
Gonzague Jobbé-Duval, "Les plaquettes Herbinière-Lebert (1923). Born (1867), Schneider (1899), Brissiaud (1989), Numicon (1996) et au-delà, enquête sur une collection témoin organisée de manière à construire les nombres comme relations entre des quantités", A tâtons [En ligne]. http://goupil.eklablog.fr/les-plaquettes-herbiniere-lebert-1923-origines-concurrents-et-enjeux-a-a207526198
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Vous pourrez aussi être intéressé.e par mon article sur : "Les "Noums" de Rémi Brissiaud, ancêtres et enjeux". A tâtons, http://goupil.eklablog.fr/les-noums-de-brissiaud-ancetres-et-enjeux-a175398670
Il brosse le tableau de la plupart des outils de la famille des réglettes Cuisenaire.
« Georg Schneider : l'inventeur des plaquettes Herbinière-LebertConstruire les premiers nombres avec les plaquettes trouées Herbinière-Lebert »
Tags : Rémi Brissiaud, Herbinière-Lebert, décomposition des nombres, maternelle, Numicon, Catherine Stern, Georg Schneider, plaquettes Herbinière-Lebert
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